Gaspillage de temps et d'énergie : quand cela va-t-il finir ?

Quand on essaie d'avoir un regard dépassionné sur l'univers des rencontres sur Internet, force est de constater une vérité indiscutable : les hommes comme les femmes perdent un temps fou dans ce lieu virtuel. Les premiers, en général sur les sites de rencontre, où ils se donnent l'illusion, pour l'écrasante majorité d'entre eux, de pouvoir rencontrer par ce biais une femme qui leur plaira, feignant de ne pas voir que quasiment aucune belle femme n'est présente dans ces endroits pour rencontrer des hommes ordinaires : je dirais, en exagérant à peine, que sur 100 messages envoyés, un homme reçoit une réponse, que sur 100 réponses reçues, une seule aboutira à un rendez-vous accepté par la femme, et que sur 100 rendez-vous acceptés, aucune femme ne l'honorera : je n'ai pas encore atteint les 100 rendez-vous acceptés, mais j'ai dû en avoir approximativement une vingtaine, et alors que j'étais à chaque fois présent à l'heure et au lieu convenus, la prétendue femme en recherche d'homme était curieusement absente... En réalité, les rares femmes inscrites sur les sites de rencontre ne sont pas là pour faire des rencontres avec des hommes sérieux et gentils, mais sont là soit pour se distraire en raison d'une relation ou d'une rupture difficile, soit pour croire qu'elles pourront l'homme parfait, qui, aussi belles soient-elles, ne voudra jamais d'elles, précisément parce que, même si leur physique pourrait être parfait, leur personnalité ne l'est pas : les femmes parfaites n'ont pas besoin des sites de rencontre pour trouver l'homme parfait, il se présente à elles tout naturellement...

Pour ce qui est des femmes, lorsqu'elle se savent belles, elles fréquentent volontiers les réseaux asociaux (et non sociaux, car on n'y rencontre jamais personne), où elles envoient régulièrement des photos, sous toutes les coutures et les positions possibles, comme si chaque nouvelle photo augmentait leur valeur, prises dans une concurrence effrénée dont le vain enjeu est de déterminer qui sera la plus belle, le nombre de commentaires, de vues et de "likes" étant le seul critère leur permettant de savoir quelle place elles ont atteinte. Elles pourront espérer attirer un homme de haute valeur, mais sans garantie du résultat pour la raison énoncée ci-dessus. Dès lors, elles trouvent leur motif principal de satisfaction à jouer aux femmes capricieuses, qui se repaissent de leur pouvoir de séduction devant des nombreux simplets qui les suivent en pensant pouvoir avoir quelque chance de les rencontrer, et poussent parfois même le vice à en choisir un par hasard pour lui demander de s'exhiber toujours plus sur leurs propres réseaux en lui faisant croire que s'il s'exécute servilement, il obtiendra peut-être quelque chose d'elles... Mais bien sûr, les jeux sont faits dès le départ, elles ne font cela que pour se donner une illusion de supériorité, à défaut de pouvoir rencontrer dans la vraie vie l'homme qui leur convient.

Dès lors, quand cet énorme cirque va-t-il cesser ? On ne saurait le dire, mais à force de ne rien produire, il est nécessaire qu'il finisse par se dégonfler progressivement jusqu'à devenir une coquille vide. Les gens qui ont l'habitude de s'inventer une vie à travers Internet ne continuent à le faire que parce que la vie réelle est trop effrayante pour eux, du fait d'une société qui ne cesse de se déliter, ne laissant que des individus fragiles, livrés à eux-mêmes et trop contents de se rattacher à un monde imaginaire qui les distrait sans les faire trop souffrir. Mais une prise de conscience ne peut que s'opérer parmi les plus courageux et les plus désespérés en même temps : le désespoir sans le courage conduit à la dépression, mais une situation demeurant relativement confortable sur un plan matériel amollit les plus courageux pour les empêcher de sortir de leur bulle virtuelle.

Toutefois, le monde réel finit toujours par triompher : plus le monde virtuel se développe, plus les individus sont isolés, et plus la vie réelle devient insupportable, de sorte que certains vont prendre la décision de ne plus dépendre de ce monde et de revenir à une relation directe avec la nature au moyen de ce que nous offre la technique en se regroupant par affinités. De là, émergeront de nouveaux modèles de société, qui en période de crise majeure, finiront d'achever une société anomique mourante...